LA RELIGION

Préface

Beaucoup de croyances coexistent en Afrique mais toutes forment une unité que l’on pourrait désigner comme la religion traditionnelle négro-africaine, incluant des croyances traditionnelles telles que l’animisme. Le terme " Négro-africain " marque une différence avec celui d’" Africain " puisqu’il ne traduit pas une idée d’unité géographique mais une idée d’unité culturelle. Il exclut les populations nord-africaines (Magreb, région du Sahara…) et sud-africaines mais inclut les populations noires issues de la diaspora (Haïti, Brésil, sud des Etats-Unis…). Quant au mot " religion ", lui-même est très vague puisque cette " religion " n’a ni, fondateur, ni textes sacrés, ni lieu de culte, ni traditions écrites. Elle n’a pas de maître (elle est directement reliée à Dieu), et n’a pas de langue sacrée (Dieu comprend tous les dialectes, articulés ou en signes). Tout se transmet oralement.

Qu’est-ce que la religion négro-africaine ?

Le premier grand principe de la religion négro-africaine est qu’elle est holistique, contrairement à la religion chrétienne, qui se base sur une dualité, pensée par les Grecs : l’âme séparée du corps. Or, ce n’est pas le cas de la religion négro-africaine où les deux forment un tout (un homme boiteux entrera au ciel boiteux). Ainsi, un Africain danse en priant : il associe dans sa prière le corps et l’âme. La religion négro-africaine est aussi anthropocentrique. L’individu est en relation avec celui qui l’entoure mais, au-delà, avec tous les hommes du monde, d’où l’importance donnée à l’hospitalité (tout étranger à la tribu est le bien venu). La relation entre l’individu et Dieu se fait par l’intermédiaire du transcendant, où reposent les morts. Les vivants ont besoin des ancêtres, pour intercéder pour eux auprès de Dieu.

La conception du monde, la morale, l’ensemble des idées, les sentiments, tout est basé autour de quatre fondements :

La logique de l’holistique

Le nom est celui d’un membre de la famille, car l’enfant appartient à la famille. Il a un sens, un rôle, il représente la personne tout entière. Toucher au nom de quelqu’un, c’est donc toucher à sa personne. C’est pourquoi on ne peut appeler une personne par son nom (par exemple, une femme ne peut appeler son mari par son nom), car, en prenant possession du nom, on prend possession de la personne.

Comme le nom, et toujours selon une logique holistique, la voix représente la totalité de la personne. De même pour une femme, pour qui toucher à son enfant, c’est toucher à sa propre personne.

Il est donc très important de se méfier des sorciers. Car si, par exemple, un enfant appelle sa mère en pleine forêt et qu’un sorcier passant par-là saisit le nom, il peut alors prendre possession de toute la personne. De même s’il se met à prendre la voix d’une personne quelconque, cela signifie qu’il a pris possession de tout son être. Le sorcier peut aussi ramasser du sable à l’endroit où a marché un individu et, simplement avec cela, anéantir cette personne.

Sorcellerie

Le sorcier est un être mauvais, c’est quelqu’un qui sait utiliser la nature et ses forces pour faire du mal. On est sorcier par héritage, ou bien on se rend compte que l’on possède des pouvoirs de sorcellerie. Une sorcière serait plus méchante qu’un sorcier…

A l’opposé du sorcier, se trouve le féticheur, qui a le rôle du guérisseur. Il connaît le secret du sorcier et sait le contrer. Mais on ne peut pas dire qu’un féticheur ne soit pas un sorcier…

Fétiche reliquaire (Congo)

Fétiche en bois. Musée des Arts africains et océaniens, Paris.

Le rôle de l’ancêtre

Le rôle des ancêtres est d’intercéder pour les vivants auprès de Dieu. Ils veillent sur la famille, sur la tribu… Les vivants communiquent avec eux par la propitiation, la supplication, la prière et les sacrifices. L'attitude à leur égard est un mélange de crainte et de respect. Les Africains pensent que les morts ne sont pas morts… Les ancêtres continuent par exemple à aimer ce qu’ils aimaient et il est donc nécessaire de leur faire des offrandes pour s’assurer leurs bonnes grâces. S'ils sont négligés, les ancêtres cesseront d’intercéder pour vous auprès de Dieu et cela se ressentira immédiatement dans votre vie (maladie et autres malheurs…) : " Celui qui veut uriner face au ciel se mouille avec ses propres urines " (proverbe africain). Les ancêtres possèdent en effet le pouvoir de maudire les vivants.

A sa mort, un homme peut accéder au rang d’ancêtre s’il a mené une vie honorable et s’il possède une descendance. Son esprit ira alors rejoindre ceux des autres ancêtres de la famille et de la tribu.

La mort

Pour un homme blanc, une belle mort, c’est avant tout ne pas souffrir. Pour un homme noir, une bonne mort est une mort qui laisse l’âme dans la tranquillité : mourir entouré et avoir eu le temps de régler ses affaires (charger quelqu’un de payer ses dettes, pardonner une personne…)

Danse funéraire dogon (Mali)

Force vitale

Une sorte de hiérarchie se forme selon l’âge de l’individu. La force vitale augmente avec l’âge et lors d’une naissance, et diminue avec un décès. Cependant, la force vitale d’une femme, quel que soit son âge, sera toujours inférieure à celle de son mari. La force vitale donne un certain pouvoir sur l’entourage : un frère peut, par exemple, maudire son petit frère, et celui-ci sera contraint de supplier son frère de briser la malédiction mais l’inverse ne produira aucun effet.

La femme

Même si l’homme est considéré comme le pilier de la maison, les femmes ont un rôle important, mais effacé. La mère est celle qui a donné la vie à son enfant, c’est pourquoi celui-ci y tient bien plus qu’à son père. La femme du chef joue aussi un rôle important : un chef qui a une mauvaise femme ne pourra être un bon chef.

Animisme

C’est la croyance en des esprits qui migrent d’un corps vers un autre, d’un objet vers un autre : les objets de la nature qui paraissent inanimés sont vivants, habités par des esprits, bons ou mauvais ; la forêt est vivante, l’arbre a une force. Ces manifestations de la nature sont parfois des présages. Par exemple, si vous devez aller chez un ami et qu’en sortant de votre maison vous trébuchez sur une souche d’arbre, dites-vous bien qu’il ne vaut mieux pas y aller : en effet, l’arbre seul ne pouvant vous faire tomber, il y a donc un esprit qui s’est glissé dans la souche afin de vous empêcher de quitter votre maison. Mauvais présage…

 

Croyances ethniques au Bénin
Au Bénin, en Afrique occidentale, l’animisme est très répandu. Selon cette croyance, tout dans la nature possède une âme. Le Bénin compte environ soixante groupes ethniques différents, mais la plupart sont proches des clans Fon et Adja. Au Bénin, les hommes portent traditionnellement une veste courte et un pantalon couverts d’une robe longue, l’agbade,et les femmes des robes de couleur. Certains Béninois, en particulier ceux qui vivent dans le Sud, préfèrent s’habiller à l’occidentale.

Les rites

Les traditions sont transmises oralement. La participation aux rites permet l’intégration dans la communauté. Le chef du village est aussi le chef religieux (autorité à la fois politique, culturelle, spirituelle). La prière n’est pas régulière, mais est rythmée par les événements (naissances, mariages, décès, circoncisions…) et par les saisons (saison des pluies, temps des semailles, moment de la chasse…). Elle se fait dans une case, sous un arbre, dans la savane…

 

Masque d'antilope tyiwara (Mali)

Masque agraire d'inspiration mendé de style naturaliste (cornes et oreilles de buffle!; face d'antilope), utilisé par les populations du sud du Mali dans les cérémonies agraires ou lors des initiations.

La rencontre entre Européens et Africains n’a pas pu aboutir à un accord conjoint

Au 16ème siècle, ce sont les Portugais qui, les premiers, débarquent sur les côtes du royaume du Bénin. A partir de ce moment là, ce royaume, l’un des plus puissants et des plus prospères d’Afrique, va devenir une plate-forme tournante pour le commerce de la Traite des Noirs. Après l’arrivée des explorateurs, ce sera au tour des missionnaires, qui ont pour but d’évangéliser les populations. Ils leur révèlent Jésus Christ mais pas Dieu dont ils connaissent déjà la présence. Ces populations respectent aussi des valeurs morales (ne pas tuer, ne pas voler…). Le rôle des missionnaires a, certes, été positif à certains endroits avec notamment la construction d’hôpitaux, d’écoles, de dispensaires…Mais, à d’autres endroits, la mission avait surtout pour but de se mettre au service de la colonisation. On désintéresse les habitants de leurs ressources (" Heureux les pauvres ! "), on leur apprend à recevoir coups et brimades des colons blancs comme les Saints (" Si on vous frappe sur une joue, tendez l’autre ") et à ne point protester de ce qu’on leur fait subir (" Heureux est-il, celui qui ne proteste pas ! "), car on leur explique que tout cela est nécessaire pour leur Salut.

Cependant, des questions se posent quant à la légitimité de l’évangélisation en Afrique : on pense en effet que le l’homme noir n’a pas d’âme et est privé d’intelligence, que les langues indigènes sont incapables d’arriver jusqu’aux oreilles de Dieu ; l’Afrique n’est pas historique, les Africains sont le seuil de l’Histoire, ils vivent encore à l’état naturel ; on considère l’africain non pas comme un homme mais comme un primate. Aux 19ème et 20ème siècles (première moitié), l’évangélisation apparaît donc comme un sacrilège aux yeux de certaines personnes ! Dans un tel contexte, on voit naître de nouvelles religions basées sur une nouvelle Bible, favorisant les Noirs.

 

La religion négro-africaine présente certaines similitudes avec les grandes religions monothéistes : un dieu créateur de l’univers (ceci se transmet dans la religion négro-africaine de génération en génération à travers les légendes), la sacralité de la vie, une vie basée sur la quête de Dieu et de la postérité. Cependant, dans la religion négro-africaine, la postérité se fait grâce à la descendance ; un prêtre africain prend donc de l’écart avec sa tribu et ses coutumes car le lignage est interrompu. De plus, il ne pourra jamais accéder au rang d’ancêtre.

Malgré toutes ces similitudes, la rencontre entre Négro-africains et Catholiques n’a jamais pu aboutir à un accord conjoint. La foi en Dieu est culturelle, elle n’est pas importée. De plus le baptême, la langue, la doctrine, sont trop souvent des rites d’initiation à l’européanisation (ou bien sont considérés comme tels). C’est pourquoi, quelle que soit sa religion, un Africain aura du mal à se dégager de ses croyances : par exemple, un prêtre Africain restera attaché aux croyances de l’animisme. Ce problème s’observe aussi en Europe : n’oublions pas que les voyants, féticheurs africains et autres marabouts sont en France plus nombreux que les médecins.

Et le Bénin ?                        

 

 

Quelques chiffres sur la religion…

 

Au Bénin, les chrétiens, catholiques et protestants représentent vingt pour cent de la population et vivent surtout dans le Sud ; quinze pour cent de la population est musulmane, surtout dans le Nord. Plus de la moitié des Béninois sont animistes et pratiquent le vaudou mêlé d’inspiration chrétienne. Le vaudou est devenu la religion d’état au début de l’année 1996.

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 Mosquée traditionnelle au Burkina Faso
La structure cintrée vers l’intérieur de cette mosquée est conforme à la tradition architecturale de la région de Bobo-Dioulasso dans l’est du Burkina Faso. Si le pays dans son ensemble a résisté au courant islamique qui a balayé une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, environ trente pour cent de la population de ce pays d’Afrique occidentale est musulmane. Le Burkina Faso eut toutefois à subir certaines influences extérieures au cours de son histoire, notamment au XIXe siècle, à l’époque de l’esclavage, et, en 1897, lorsqu’il devint une colonie française connue à cette époque sous le nom de Haute-Volta.

 

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