Seconde partie : les 7 tâches !

Le jour vacillait. La nuit enveloppait la terre. La Coccinelle tournait en rond silencieusement, en équilibre sur la tranche glissante d’un verre que l’abbé Max avait abandonné au bord de la table avant de partir s’incliner au pied de son lit. Il était tard les volets du presbytère étaient maintenant clos !

 Elle fixa ses lèvres à l’endroit où l’abbé avait mis les siennes et sirotait à son tour le délicieux reliquat, mais combien traître, de cette boisson crémeuse où se mariaient si bien  crème fraîche, vieux whiskey irlandais, chocolat et extraits aromatiques. La Coccinelle finit par trouver ce breuvage aussi bon que les ‘Aphis pomi’, les meilleurs pucerons verts ! elle descendit le long du galbe du verre, jusqu’au fond ! 

« J’ai mis du temps pour revenir », dit la Coccinelle en soulevant, en équilibre sur la tranche du verre, sa carapace à points noirs. Elle libérait ses ailes transparentes pour quelques mouvements de décrassage, histoire d’éliminer les toxines !

« Et voilà un peu de temps pour moi » dit-elle, satisfaite, après une journée tellement chargée ! « J’ai refait un tour à la roseraie du parc de la Tête d’Or, car j’avais repéré de bien belles roses avec leurs non moins beaux pucerons qui leur labouraient la tige. J’avais un petit creux à l’estomac. On a beau être Bête à Bon Dieu on ne se nourrit pas seulement d’Amour et d’eau fraîche. D’autant que l’amour n’est pas si abondant que cela et l’eau est un peu polluée sur cette bonne vieille terre ! Le Fils, s’il revenait, ne pourrait pas refaire aussi facilement du vin avec quelques barriques d’eau !

Elle se laissait gagner par une douce nostalgie. Elle pensait qu’elle pourrait être au paradis tranquille à contempler la terre vue du ciel… Faut dire que vue à une telle altitude la terre était belle pour les yeux de Coccinelle !

Son attention finit par être gagnée par un bruit particulier, un souffle de plus en plus saccadé, entrecoupé de gémissements plus longs. La Coccinelle volait de son verre jusqu’au rai ténu de lumière qui filtrait sous la porte… Bien que la nuit tous les chats soient gris, la Coccinelle compris très vite la situation en voyant cet homme occupé à des jeux que, paraît-il, la morale réprouve et que le Vatican condamne ! Elle ferma aussitôt les yeux et se retira sur la pointe des pattes pour ne pas risquer d’être pris dans un tsunami de 20 ou 200 millions de spermato. qui prenaient le large !

Aussitôt le ciel réagit : « Que se passe-t-il, nous n’avons plus d’image ! »

-         Normal -dit-elle- il y a un débarquement ! »

Elle leur adressa alors cette formule énigmatique inspirée des communiqués de radio Londres « le carré blanc gît sur la moquette » -je répète- « le carré blanc gît sur la moquette. » Puis elle envoya quelques secondes plus tard un second communiqué lapidaire à l’intention des scrutateurs célestes : « Ange le jour mé-sange la nuit »  

Les  Saints du Ciel en faction au laboratoire ont bien entendu tout compris. Et pour cause on est homme avant d’être saint ! Et leurs ordinateurs qui avaient puisé dans les bases de données étaient couverts de milliers d’informations concernant cette activité aussi vieille que l’homme. Cela allait du slogan bien rustique « Branlette bien menée vaut mieux que galipette bâclée » au très sérieux article scientifique qui explique que pratiquer fréquemment cette activité réduirait les risques d'un cancer de la prostate ! Les écrans du Vatican, bien sûr,  ne disaient pas la même chose !

Pour ne pas faillir à sa mission la Coccinelle finit par rédiger un rapport électronique et tout compte fait sympathique « L’Abbé Max de Bobrin en passant seul, trop seul peut-être, la porte qui sépare l’extérieur de l’intérieur, le profane du sacré est passé en même temps du désir au plaisir. Pour complément d’enquête, demandez à Jésus si c’est bien vrai qu’il ne voulait pas de prêtres mariés !» Sur ce, la coccinelle s’effondra de fatigue… comme l’abbé ! »