Seconde partie : les 7 tâches !

   1 - Dimanche matin

Bien vite la nuit retomba sur la Coccinelle lorsque l’ecclésiastique passa sa chemise anthracite à pinces mais sans plis. La Coccinelle sortit rapidement de sa cachette grimpa jusqu’au cou et essaya de se faufiler entre la peau et ce col bloquant qui énerve tant le Bon Dieu et qui maintenant énerve la Bête à Bon Dieu ! C’est une véritable patinoire ce truc, un piège à Coccinelle ! Oui comment vais-je-m’en sortir, se demanda notre petite espionne ? Elle se retourna préférant planter ses griffes dans la peau de l’ecclésiastique. 

 
« Que vive mon âme à te louer ! » Oui, bon, on le sait s’énerva-t-elle ! De plus là je suis en direct, juste sur les cordes vocales, les vibrations sont énormes, pire que le bourdon de Notre dame à l’heure de la mort d’un pape !

Grâce à un rétablissement acrobatique la Coccinelle réussit à franchir ce col maudit. Elle monta s’installer au creux de l’oreille en marchant sur la pointe des pieds. Elle s’était longuement entraînée à cet exercice car à la moindre démangeaison un doigt peut être fatal !

Pas de risque, les doigts de l’abbé étaient tous occupés, son chant s’était arrêté et les mandibules fonctionnaient comme une usine à plein régime. Le bruit était sourd. Croissants et petits pains étaient littéralement broyés et engloutis à la verticale, dans le tube digestif. Vous parlez d’un vacarme ! Partant se promener sur le cuir chevelu elle sillonnait délicatement cet espace entre les cheveux qui lui faisaient penser à l’immense forêt d’arbres identiques, serrés les uns contre les autres. L’espionne dressa ici, au pied d’un arbre, son « QG. » Elle utilisa ses outils embarqués pour délicatement creuser le ‘sol’ ; rapidement elle colla son oreille, à la manière des indiens prostrés dans la pampa pour écouter le galop de lointains chevaux. Manifestement, l’abbé qui ne pensait pas qu’un jour lui aussi s’était prostré pour écouter les pas des chercheurs de Dieu qui sont passés ou qui approchent, se préparait à aller dire une messe quelque part. Son activité cérébrale était intense ! Des centaines de mots s’alignaient choisis, assemblés, répertoriés, et emballés en packs prêts à l’emploi. Il y  avait aussi quelques paquets mal ficelés dont on se demande comment ils remonteront les cordes vocales… 

 Là bas dans la ville à quelques encablures de l’église, à la table de la maison des Grangers, Etienne 9 ans traînait, dépenaillé, en pseudo pyjama d’été…

Sa mère avait beau lui dire de se dépêcher à déjeuner  pour s’habiller car l’heure de la messe approchait,  Etienne était plongé dans un livre et rien ne semblait l’atteindre.  Sa mère le secoua  sérieusement :

 « Allez dépêche toi c’est l’heure de la messe. Tu sais bien que si tu n’y vas pas tu ne pourras pas faire ta communion. L’abbé Max va pointer ta carte de messe, pense qu’il te manque déjà un point ! »

 L’enfant grommela, finit par refermer son livre, le pousser au bord de la table, laissant apparaître, en gros, son titre provocateur « Arrête ton cinéma ! » La mère ne dit rien mais dans sa tête elle se demandait à qui ce titre était destiné. A l’Abbé Max de Bobrin, curé aux méthodes directives qui lui paraissaient d’un autre temps ou bien à elle-même ? Mais c’était l’heure. Etienne avait passé son panta-court, enfilé ses mocassins sur ses pieds nus et hop les voilà tous deux partis en direction du centre ville!