Nous faisions une visite de Ganvié, où plutôt nous étions à la découverte de Ganvié quand nous nous sommes arrêté à un autre village construit sur pilotis, inondé trois mois de l'année: So Tchaouré.

A l'arrivée dans le village une foule de gosses est venue vers nous. Nous ? … les 18 blancs que nous sommes. Dans ce village il m'a semblé que nous n'avions pas assez de mains. Les enfants nous prenaient les mains comme si nous étions leurs frères.

Moi, à ce moment-là, alors que tous scandaient en "cœur" (sic) comme une leçon apprise,

"Yovo, Yovo, cadeau !" Ce qui veut dire plus clairement : "Eh ! Toi qui es blanc, tu as de l'argent ! Donne-nous un cadeau !"

Alors à ce moment là je me sentais un visiteur et non pas un ami pour ces enfants, un étranger plutôt qu'un frère : celui a qui on donne un traitement de faveur par intérêt et non par amitié.

Le reste de la matinée s'est finie par la visite du village, guidé par un adulte noir… mais mon attention n'était pas là…

Voilà que vint l'heure du repos. Nous mangeons dans une salle réservée pour nous et pour un groupe de scouts blancs qui venaient de Caen. Alors voilà que derrière la salle où nous mangions les enfants jouaient au foot. Comme nous étions invités d'honneur on nous invita à jouer avec eux ? Moi j'aime jouer au foot, ça tombait plutôt bien !

Alors on a joué ensemble quelques minutes.. 5, peut-être 10 … ce ne fut pas long.

Ont-ils été surpris que je puisse jouer avec eux, moi qui étais blanc ? Je ne sais pas ! Mais quelque chose venait de changer. On n'avait plus le même regard sur moi.

Et moi je n'avais, du coup, pas le même regard sur eux : je me sentais plus à l'aise.

Quand, au bout d'un moment Abdou un petit garçon qui jouait avec moi, peut-être le plus vieux, le chef du groupe.. est venu me proposer 3 arachides…

Quel changement pour moi : tout le matin on m'avait demandé un cadeau et maintenant c'était à moi que l'on offrait un cadeau comme un signe de bienvenue.

Je pris donc une arachide… et je me débrouillais à extraire la cacahuète qui se trouvait à l'intérieur de la coquille. Quand j'eus la cacahuète entre les mains je m'aperçut que lui, l'avait enlevé depuis bien longtemps mais qu'il ne l'avait pas mangé.

En fait, il m'attendait !

Et nous avons mangé la cacahuète ensemble, puis nous sous sommes serrés la main. Autour de nous les gamins nous regardaient.

J'ai ressenti que nous avions signé un pacte que tout n'était plus comme avant, comme ce matin. je devenais un copain qui vient s'amuser, un ami que l'on n'a pas vu depuis longtemps.

Après nous avons continué à jouer au foot jusqu'à notre départ en barque, du village…